Par Béatrice Chapuis, anesthésiste – chef de mission
Petite parenthèse dans notre quotidien, Grande et riche expérience dans notre vie !
Comment ne pas rester encore à Moundou auprès des patients, de leur famille et de l’équipe du centre MNDP qui nous ont fait confiance et doivent maintenant reprendre leur destin en mains ?
Après l’annulation, pour raisons de politique locale, de la mission de janvier, les cas prioritaires sont devenus des urgences médicales et sociales à prendre en charge ; la rénovation du bloc de l’hôpital de Moundou, financée par l’AFD et suivie par BASE (ONG tchadienne) a imposé la venue en éclaireur de deux courageuses infirmières dont l’intervention « musclée » a permis de travailler dans un bloc fonctionnel et propre dès le lendemain de notre arrivée.
Le bilan humain présente les contraintes lourdes de son efficacité.
92 patients opérés laissent une énorme charge de travail à l’équipe du centre :
– 9 cas de polios (pas d’éradication mais nette diminution grâce à la politique vaccinale)
– 9 pieds bots (formation de prévention néonatale effectuée, à réactiver)
– 17 cas de rachitisme dont 6 cas opérés (les autres ont bénéficié de la mise sous vitamine D avec réévaluation à 1 an)
– 8 séquelles d’injection (reposant le problème de la formation du personnel local)
– 15 cas de chirurgie plastique (fentes labiales type bec de lièvre, nombreuses séquelles de brûlure)
– 21 cas de traumatologie (accidents de motos, chute de camions..) souvent pris en charge par les « tradipraticiens » ; 2 cas pris en urgence à leur arrivée à l’hôpital éviteront sans doute des handicaps secondaires lourds.
– 13 cas d’infections osseuses, résultant souvent de mauvaises pratiques locales.
– une dizaine d’autres interventions orthopédiques.
Léquipe restée en post-mission relève 4 cas à problème (infectieux essentiellement).
La remise en question de notre action, en fonction des résultats et du suivi des cas lourds laissés au centre, est gage de qualité ;
c’est une préoccupation de chaque maillon de la chaîne mais elle ne peut nier le bénéfice inespéré obtenu pour la très grande majorité des patients.
Les contacts noués avec le directeur de l’hôpital, Mr Ousmane, sont également un fort élément d’espoir quant à la pérennité de ce type d’action avec appui sur les éléments motivés repérés localement. Il en est de même pour la relève du personnel du centre MNDP dont certains vont partir et seront remplacés par d’autres en formation actuellement. D’autres acteurs effectuent un travail remarquable dans la région et on s’attache à tisser les liens utiles pour le relais des actions menées.
Les incertitudes géopolitiques locales ne facilitent pas le développement de conditions favorables dans le domaine de la santé, les besoins sont immenses et il est pour nous impossible d’oublier l’action de MNDP qui continue son travail de fourmis remarquable, malgré les secousses politiques régionales.
Que l’espoir demeure !