Les premières missions chirurgicales pour le centre des personnes handicapées étaient naturellement réalisées par des chirurgiens orthopédistes : c’étaient les opérateurs les plus compétents pour réparer l’appareil locomoteur des personnes handicapées par la poliomyélite ou les malformations congénitales.
Mais une partie des patients présentaient des séquelles de brûlures particulièrement handicapantes : en effet, en saison froide, par manque d’autres moyens, il est nécessaire d’améliorer la température en mettant un brasero au milieu de la case souvent exigüe. La nuit les tout-petits dorment serrés contre leur mère et dans le sommeil il arrive parfois que les bébés roulent proche du brasero et se brûlent les extrémités. Comme il n’existe aucune prévention des rétractions cicatricielles, nous sommes amenés à voir quelques années plus tard des enfants avec des déformations majeures des membres très gênantes sur le plan fonctionnel.
Le traitement de ces cicatrices de brûlures est particulièrement difficile et nécessite des techniques complexes de greffe cutanée et de lambeau musculo-cutané particulièrement bien maîtrisées par les chirurgiens plasticiens.
C’est ce qui nous a conduit à demander à des chirurgiens plasticiens de se joindre à nos missions.
Il se trouve que ces chirurgiens traitent des malformations congénitales comme les fentes labiales communément appelées « bec de lièvre ».
Le « bec de lièvre » est une malformation bénigne dans nos pays, où les enfants sont opérés avant l’âge de 2 mois, ce qui fait que l’on n’en voit plus… Au Tchad, personne ou presque ne les opère, et ces enfants se retrouvent à l’âge adulte avec des visages altérés. Ce handicap n’exclue en rien la personne de l’entourage, puisque bon nombre qu’ils soient femme ou homme sont mariés et ont des enfants.
Les opérer présente un intérêt esthétique fort appréciable et une reconnaissance exprimée spontanément par les bénéficiaires er leurs familles.
Dr Patrice Bouygues